Lundi 26 juillet, neuvième jour
Kano (4650m) Pachanta (4200m)
Aujourd'hui, c'est notre dernière grosse journée de marche. Nous nous levons avec le soleil, et découvrons enfin le panorama que propose l'Ausangate, et ses sommets environnants sans le moindre nuage. Nous profitons des contrastes étonnants qui varient au fur et à mesure que le soleil s'élève, pour prendre de nombreuses photos.
Nos compagnons péruviens sont quant à eux plutôt déçus car hier soir, Cusco a perdu son match de la coupe d'Amérique latine.
Après avoir plié le camp, nous commençons par traverser le ravin bien visible sur les photos, où coule cette petite rivière qui nous a servi d'approvisionnement en eau hier soir et ce matin. Ensuite encore quelques photos avant de voir disparaître le versant Est de l'Ausangate.
Une petite heure de descente douce vers le fond de la vallée où le village de Jampa se niche à 4400 mètres d'altitude. Peu avant d'y arriver, un garçonnet accourt suivi peu après par une fillette tenant contre elle un bébé, pour nous rappeler que la vie est bel et bien présente. Ils sont vraiment ravis qu'on s'intéresse à eux, et encore plus lorsqu'on leur propose de prendre une photo.
Avant d'escalader notre dernier col, Lawrence nous propose de nous plier à la coutume locale encore très vivace pour conjurer le mauvais sort : il s'agit d'emporter une pierre, pour la déposer au sommet, en complétant ainsi les cairns que nous allons y trouver. La montée est assez longue, sans être trop raide, et aujourd'hui, nous n'aurons que peu de plaques de neige à traverser.
Peu de temps avant d'atteindre le col, Manuelo et Jomulus nous dépassent avec deux des chevaux, pour pouvoir préparer en avance le futur déjeuner. L'un d'entre eux porte les deux grosses bouteilles de gaz. Tout à coup nous entendons un grand bruit sourd, et apercevons une des bouteilles de gaz dévalant la montagne. Au même moment, le cheval, pris de panique reprend au galop le sentier en sens inverse, et Lawrence a tout juste le temps de crier pour que nous nous écartions de son passage...
On se croirait dans une scène de bande déssinée : Jomulus dévale la montagne pour essayer de rattraper la bouteille, et Manuelo court derrière le cheval. Quant à nous, plantés au bord du sentier, nous sommes bien inquiets pour la suite... Pourtant dix minutes plus tard, Jomulus remonte le flanc de la montagne avec la bouteille de gaz certes bien cabossée mais encore utilisable sur son épaule et Manuelo repassera devant nous au galop sur le cheval à nouveau maîtrisé.
Nous arrivons aux alentours de midi au col de Jampa à 5000 mètres, où chacun de nous trouve un cairn à son goût pour y rajouter sa pierre. Le sentier domine bien le col, pour éviter sans doute les chutes de séracs des langues de glacier juste en face de nous. Bientôt nous découvrons les couleurs magiques du lac glaciaire Azulcocha (le « lac bleu »en langage local). C'est au bord d'un petit ruisseau dominant ces lacs que nous nous arrêterons pour déjeuner.
Lawrence quant à lui remonte rapidement au col, car il espère retrouver une pièce métallique de son sac à dos qui s'est peut-être détachée lors de la halte au cairn. Il reviendra bredouille une demi-heure plus tard.
Après le repas, la vue sur les lacs et les sommets sera toujours aussi grandiose, invitant à de nouvelles pauses photos.
La vallée s'élargit progressivement, et bientôt nous traverserons un petit village blotti au milieu des méandres de la rivière. Les chiens semblent ici moins agressifs, et de nombreux lamas ou alpagas occupent les petits îlots marécageux.
Peu avant notre arrivée à Pachanta, des femmes habillées avec les costumes typiques de la région de l'Ausangate, et notamment leur chapeau rectangulaire à franges, nous attendent au bord du sentier en proposant différents articles en laine.
L'arrivée au camp sort de la routine car des bassins d'eaux thermales nous attendent... Georges et Sarah y resteront jusqu'à la nuit noire, avec la silhouette de l'Ausangate à l'arrière plan éclairée d'abord par la lumière crépusculaire, puis par la lune. Nous nous souviendrons longtemps de ces instants !
Après les eaux chaudes, le « pachamanca » nous attend : c'est le terme local pour un méchoui cuit à l'étouffée dans un four creusé dans la terre à cette occasion. Ce sont d'énormes morceaux de viande bien épicée que nous devons manger avec nos doigts. Petit inconvénient, nos lèvres gercées brûlent au contact de la viande, mais quel régal.
Lawrence n'est malheureusement pas avec nous : il est parti téléphoner à Tinqui, à trois heures de marche d'ici, pour que le mini-bus qui nous ramènera à Cusco soit au rendez-vous le lendemain, car nous avons pris une journée d'avance sur le tableau de marche. Il ne rentrera que très tard dans la nuit, mais profitera quand même des eaux chaudes, comme il nous le dira le lendemain.
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