Jeudi 22 juillet, cinquième jour
Accoyo (4700 m) Hacienda Mates (4800 m)
Il a fait encore très froid cette nuit mais ni Sarah ni Georges ni moi n'avons eu froid dans notre tente. Celle-ci est tout de même givrée à l'intérieur, tout comme d'ailleurs l'extérieur de nos sacs de couchage ! Le plus difficile c'est de sortir du sac le matin avant que le soleil ne commence à réchauffer l'atmosphère.
Ce jour-là, une grande surprise nous attend lorsque nous ouvrons notre tente à sept heures du matin : alors que la veille, nous n'avions vu aucune habitation dans les environs de notre campement, cinq enfants peut-être âgés entre trois et dix ans sont venus nous observer, et sont particulièrement curieux de nos faits et gestes ! La température n'a pas l'air de les gêner beaucoup (certains sont d'ailleurs pieds nus dans leurs sandales), et ils resteront autour de nous jusqu'à notre départ.
Vers huit heures trente, nous commençons à monter progressivement en direction du col de Chimboya. A cause de ses ampoules, Sarah doit faire du cheval ; guidée par Manuelo, elle nous dépasse pratiquement dès le départ, et nous ne la retrouverons qu'à l'heure du repas.
Nous croisons de temps à autre des troupeaux de lamas et leurs bergers qui nous saluent d'un sympathique « Buenos Dias ». Nous passons également devant quelques habitations isolées, dans lesquelles vivent des familles qui doivent se contenter du strict nécessaire.
La vue est dégagée et les montagnes enneigées se détachent à l'horizon. Sur tout le parcours, c'est un festival de couleurs qui s'offre à nous : Le blanc de la neige, l'ocre des montagnes et le bleu du ciel s'harmonisent parfaitement.
Après trois heures de montée relativement facile, nous parvenons au col de Chimboya ; c'est la première fois que nous atteignons la barre des 5000 mètres. Ce col de la cordillère Carabaya marque la frontière entre la région de Puno et de Cusco. Des deux côtés du col, la vue est grandiose ; au loin nous distinguons la cordillère Vilcanota où nous serons dans trois jours.
Lorsque nous entamons la descente sur l'autre versant du col, une surprise nous attend : de grands champs de neige entravent notre progression. La descente s'avère plus difficile et plus délicate que ne le pensait Lawrence, mais nous n'avons pas le choix. Parfois nous nous enfonçons jusqu'aux genoux dans la neige molle, et même si Lawrence ouvre la voie, la progression est laborieuse. De plus, nos chaussures ne restent pas étanches bien longtemps...
Durant la descente, Georges fera un faux pas qui le fera glisser sur une pente boueuse sur plusieurs mètres... il est maintenant couleur montagne, mais comme l'air est bien sec, la boue s'effritera toute seule sur ses vêtements, et il n'en restera pratiquement aucune trace à l'arrivée ! Nous mettrons presque deux heures (le double du temps normal) pour redescendre et rejoindre Manuel, Sarah et Delphin pour le déjeuner). Les chevaux ont pris un itinéraire un peu différent mais ont eu bien du mal également, comme nous le racontera Sarah.
Un vent violent et glacial souffle maintenant en permanence, et ce n'est pas en restant immobile pendant l'heure du repas que la sensation de froid disparaîtra ! Après ce déjeuner bref, pour rejoindre le campement, il va maintenant falloir traverser une zone marécageuse où paissent des lamas. Dans ce dédale de blocs de mousse gorgés d'eau, Lawrence nous apprend à reconnaître les endroits où nous pouvons mettre les pieds sans nous enfoncer, et pour cela il faut souvent sauter de bloc en bloc...
Arrivant au camp, je suis littéralement frigorifiée et me réfugie de suite sous la tente. Georges lui, en profite pour prendre quelques photos, notamment le panorama ci-dessous que je n'ai même pas pris le temps d'admirer en arrivant.
Lawrence va se renseigner auprès de familles habitant non loin de notre camp pour savoir si le col « passo intermedio » haut de 5200 mètres prévu pour le lendemain est franchissable. Renseignements pris, la neige y serait bien trop profonde pour tenter l'aventure le lendemain, notamment à cause des chevaux. Lawrence nous explique que la hauteur de neige est exceptionnelle cette année, mais nous rassure en nous expliquant qu'au prix d'un large détour, nous pourrons contourner cet obstacle.
Cette journée avec les deux heures dans la neige aura été pour moi la plus éprouvante du trek ; ce soir-là, nous dînerons et nous nous coucherons de très bonne heure.
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