Mercredi 21 juillet, quatrième jour
Lagune Janjahuicacha (4350 m) Accoyo (4700 m)
Sarah a très mal dormi seule sous sa tente, elle a grelotté toute la nuit dans son sac de couchage « ; polaire » ;, et le comble : son matelas s'est dégonflé ! Le froid a en effet était mordant cette nuit, et au réveil, en voulant boire de l'eau de la gourde isotherme, il a d'abord fallu la réchauffer sous le matelas pour pouvoir dévisser le couvercle pris dans la glace, et une bonne partie de l'eau était déjà gelée !
En sortant de la tente la lumière est féerique sur le lac dont le bord est gelé. Le givre couvre également l'herbe rase tout autour de nous. Très vite le soleil va nous réchauffer d'autant plus que le vent ne s'est pas encore levé. Comme tous les matins nous avons droit à notre bassine d'eau chaude et une certaine routine s'est installée pour notre semblant de toilette matinale. Après avoir rangé les sacs, vidé les tentes nous prenons des forces pour la matinée avec un solide petit déjeuner accompagné notamment de crêpes.
Ce matin nous partons en direction d'Accoyo, mais il va falloir franchir une rivière. D'habitude nous finissons toujours par trouver des passages à sec en sautant de rocher en rocher, mais aujourd'hui, malgré un examen attentif par Lawrence, il faut se résoudre à l'évidence : il va falloir la traverser en se trempant les pieds et même les mollets ! C'est froid, mais finalement contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas si dur que cela de se tremper les jambes dans de l'eau à une température de 0° (je me demande même si on ressent une quelconque différence avec de l'eau à dix ou quinze degrés !). Sarah aura elle le privilège de traverser la rivière sur le dos de Lawrence, à cause de ses ampoules qui ne cicatrisent pas et sont devenues de vrais cratères.
Alors que de magnifiques chaînes de montagnes enneigées se dessinent à l'horizon, un fort vent de face nous accompagne toujours. Nous rejoignons une bonne piste qui longe la vallée de la rivière Chimboya. Nous y rencontrons plusieurs troupeaux de lamas et d'alpagas, et l'équipement des bergers semble montrer qu'ils partent pour plusieurs jours. Nous rencontrons également plusieurs péruviens se déplaçant en bicyclette (non équipés de changement de vitesse), ce qui ne doit pas être très facile compte tenu du terrain !
Après avoir passé un dernier village, nous remontons toujours la vallée de la Chimboya pour arriver vers 14 heures à Accoyo, notre campement de la journée situé dans un beau cirque montagneux. Tout près un petit cimetière andin est installé. Pour une fois, nous déjeunons certes assez tard, mais déjà au camp. Georges et Sarah n'ont pas très faim et ont des aigreurs d'estomac, c'est un des premiers symptômes du mal des montagnes (nous sommes tout de même à 4700 mètres d'altitude). Quant à moi, je finis toutes les assiettes, quelle goulue ! ce n'est pourtant pas mon habitude.
Lawrence examine les ampoules de Sarah et conclut qu'il faudra la mettre sur un cheval demain pour éviter les risques d'infection, car nous allons encore nous éloigner de la civilisation... Ensuite, comme il n'est pas fatigué, lui, il en profite pour un rapide aller-retour au sommet qui domine le sud du cirque et qui est « à peine » quelques cinq cent mètres plus haut (à 5200 m environ). Quant à nous, nous profitons de l'après-midi pour reprendre des forces.
Ce soir, comme d'ailleurs les soirs suivants, Sarah dormira avec nous car elle a vraiment eu trop froid la nuit précédente ! Trois personnes dans une même tente doivent contribuer à relever sensiblement la température, et aucun de nous trois ne grelottera plus durant les nuits prochaines !
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